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Que reste-t-il du « coeur » de Prévost ?

  • Lundi 25 septembre 2017

Par Michèle Guay

Un Cœur de ville mal-aimé de l’administration

Vieux Prévost, Vieux Shawbridge, deux quartiers colorés qui datent du temps ou Shawbridge d’un côté du pont et Prévost de l’autre n’étaient que de petits villages, soit avant la fusion de 1973. Pour les avoir parcourus dans le cadre de mon porte-à-porte, ce sont des quartiers colorés et diversifié. Dans le vieux Shawbridge, sur la rue Principale par exemple, on retrouve plusieurs édifices patrimoniaux qui témoignent d’une époque où l’endroit bouillonnait de vie, avec ses hôtels, sa boulangerie, son épicerie.

Maisons modestes ou plus aisées, les gens sont accueillants et très attachés à leur petit quartier.
Certains dominent le parc de la Rivière du Nord et ont une vue sur celle-ci, d’autres ont de grands potagers dans leur jardin. Un quartier où l’on voit des jeunes ménages reprendre les vieilles maisons qui ont « besoin d’amour » et les rénover patiemment, parce qu’ils aiment ce quartier. On y rencontre des aînés qui sont des « mémoires vives » du Shawbridge d’antan et qui se racontent volontiers sur le pas de la porte. On comprend que l’environnement est sécuritaire parce que les gens laissent dehors leurs petites décorations de jardin, les meubles de patio.  Une surprise : les sonnettes ne sont pas populaires. On frappe à la porte à Prévost, on ne sonne pas.

Des infrastructures vieillottes

Partout les gens se plaignent du mauvais état et du manque d’entretien des rues, de la vitesse excessive et des infrastructures (égout, aqueduc, petits parcs) qui datent d’il y a longtemps et qu’on rafistole tant bien que mal.
Aux environs de la garderie, et partout dans les rues étroites et bosselées du quartier, les autos roulent vite, éclaboussant au passage les piétons et mettent en danger les enfants du quartier (qui veut risquer d’envoyer ses enfants à pied vers l’école sur la rue Principale à côté du golf ?).

Les aînés de la rue de la Station se plaignent de l’absence de trottoirs et du déneigement à la va-vite en hiver : on pousse la neige, qui se transforme en glace au bord des rues, rendant la marche à pied des plus difficiles, surtout pour eux qui sont nombreux à occuper des logements abordables dans ce secteur.
La présence de la Maison d’entraide, rue Shaw a rendu impératif de creuser pour améliorer l’écoulement des eaux. Mais riverains et voisins d’en face ont eu à endurer des travaux bruyants et des bouleversements jusque dans leurs cours arrières pour que ces travaux se fassent.
Pour ce qui est du mobilier urbain des parcs de jeu, les parents signalent le piètre état d’entretien des équipements (balançoires et autres) qui mettent en danger les petites mains. Pourtant ces citoyens apprécient les aires de jeu pour enfants.

Un désert alimentaire

On le voit, on a beau parler de « mobilité active », les obstacles sont nombreux dans ce quartier. Et on irait où à pied de toutes façons ?

Depuis la fermeture du Bonichoix et de la quincaillerie, paradoxalement, il faut une auto pour aller faire ses courses, dans un quartier où tout devrait être « à proximité » comme cela l’était autrefois. L’étalement urbain, les banlieues uniformes ont créé un « désert alimentaire ».

Cette expression consacrée désigne un secteur où il n’est plus possible d’acheter des denrées et des produits courants sans avoir recours à l’auto, comme si le cœur de ville était contaminé par la logique des banlieues. Cet état de fait pénalise les habitants de tous âges et les enferme dans leur coin : en effet, c’est au marché et sur les places publiques que les gens échangent, apprennent à se connaître et à s’entraider.

Que reste-t-il de la vie de quartier aujourd’hui ? Les souvenirs des plus âgés ? Des photos en noir et blanc dans un « Musée virtuel » ?

La « vie de quartier » c’est un cœur qui bat et qui anime les citoyens. En ce moment, le cœur du Vieux Prévost et du Vieux Shawbridge ne bat plus que faiblement, faute de commerces de proximité et d’une vie de quartier digne de ce nom. Qu’est ce qui a remplacé la place publique ou le perron de l’église où les gens échangeaient après la messe ou le service ? Plusieurs villes au Québec se sont donné de nouveaux lieux d’échange citoyen. Mais pas Prévost, dont le nouveau cœur, vers le sud, s’articule autour des services alimentaires pour les banlieusards.

L’histoire, le passé, ne doivent pas se borner à une vision nostalgique : ce sont des tremplins qui doivent nous permettre de remanier les vieilles structures en conservant la force de l’héritage pour fonder l’avenir. Mais pourtant, les banlieues et l’étalement urbain ne sont plus à l’ordre du jour des villes progressistes : les idées d’écologie, de développement soutenable et de proximité sont au goût du jour. Pourquoi alors ne pas réfléchir collectivement et recréer des lieux d’échange, de rencontre, de créativité ?

Des trouvailles et des habitants qui aiment tout de même cet étrange cœur de ville.

Le Vieux Shawbridge et le Vieux Prévost, deux quartiers où l’on retrouve plusieurs modèles d’habitats qui se distinguent des banlieues par leur originalité, tels ce petit « quartier de poche » de mini maisons juste en retrait de la rue du Nord ou ce merveilleux condo perché au-dessus de la Rivière du Nord, dont les jardins et la décoration extérieure sont des modèles dignes des grandes revues de décoration. Il ne manque qu’un effort de la part de l’administration municipale et des citoyens pour recréer le « village », la proximité, la vie communautaire.

Après tout, l’histoire, ce n’est pas seulement le passé, c’est celle que nous écrivons au présent et qui sera notre héritage pour les générations futures.


La vague se poursuit...
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