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Pas de ligne de parti, mais des valeurs communes

Un parti sans ligne de parti

  • Dimanche 19 juin 2016

Les partis sont des organismes publiquement, officiellement constitués de manière à tuer dans les âmes le sens de la vérité et de la justice.
-Simone Weil

 

À l’aube de la création d’un nouveau parti politique à Prévost, il est important que les personnes s’impliquant dans ce parti politique gardent leur liberté de pensée et leur sens critique. Cela est à mon avis essentiel, si nous voulons que les conseillers municipaux ne soient plus les valets du maire, mais bien des mandataires de la majorité des citoyens de la Ville.

Je m’explique.

Chacune des personnes élues comme conseiller est la représentante de ses électeurs. Cette représentation ne peut qu’être qu’imparfaite, car un échevin, même s’il est à l’écoute de ses électeurs, ne peut refléter au conseil municipal la multitude d’opinions de ses commettants.  De plus, le porte-parole a sa personnalité, ses propres opinions et une connaissance des dossiers que n’ont pas nécessairement ces électeurs. Ses électeurs font donc confiance à son jugement et espèrent qu’il tiendra compte des besoins du plus grand nombre.

Malheureusement trop souvent ce conseiller se doit de souscrire à une ligne de parti.  C’est comme si les conseillers renonçaient d’un commun accord de ne plus jouer leur rôle de représentant de la population et de mettre de côté leur jugement.

Comme le maire a l’initiative des politiques et possède souvent l’information relative aux dossiers, les conseillers suivent trop souvent l’ordre du jour de ce dernier. En définitive,  la ligne de parti est dictée par le maire.

Si le premier magistrat de la Ville n’a pas de réel programme politique, alors ce sont les hauts fonctionnaires qui mènent la Ville. Je pense que je n’ai pas besoin de vous citer d’exemples. Imaginez en plus si l’administration municipale ne communique pas l’information pertinente aux conseillers. Alors, c’est la dictature de l’exécutif avec les dérives potentielles que cela implique du point de vue éthique.

Le conseiller, qui pour une raison légitime, voudrait faire valoir son opinion, n’aura pas le choix pour ne pas être exclu du caucus de se rallier à la majorité. Qui voudrait être le mouton noir d’un groupe pendant 4 ans? Qui voudrait être privé par le groupe majoritaire des informations essentielles pour jouer son rôle de représentant? Presque personne.

Que reste-t-il du processus démocratique avec la ligne de parti? Du gouvernement par le peuple pour le peuple ? Probablement pas grand-chose.

C’est pourquoi il faut changer les choses!

Les conseillers se doivent  d’être les chiens de garde de la démocratie et de la bonne gestion des avoirs communs des citoyens et pour cela ils doivent posséder toute l’information et en débattre.  Autrement, la vérité et la justice n'auront aucune chance en politique municipale.

Ce qu’il faut faire selon moi.

Le droit à la dissidence devra à mon avis comme pour le parti Action Gatineau de la ville du même nom être enchâssé dans les statuts du parti.

Par ailleurs, ce droit à la dissidence devra être sur les moyens et non pas sur les valeurs. Il est essentiel que les membres du mouvement partagent des valeurs semblables.

Il reste à préciser si le droit à la dissidence inclura le droit pour un conseiller de s’opposer à une mesure ou une politique  :

  1. qui affecte principalement son quartier, mais qui est conflit avec l'intérêt de la Ville;
  2. parce qu’il juge le moment mal choisi pour une raison qui est vraisemblablement valable de l’opinion des autres membres du conseil;
  3. parce qu’il juge que cela n’est pas dans l'intérêt public;
  4. parce que cela va contre pour ces valeurs morales fondamentales;
  5. etc.

Les objecteurs de conscience font souvent avancer ou nuancer les idées de tous.  Cela n’empêche pas les élus après une discussion de fonds d’essayer entre eux de faire consensus sinon de respecter l’opinion du conseiller minoritaire.

Ce que cela prend

Le droit à la dissidence dans un parti demande aux conseillers et au maire d’avoir beaucoup d’humilité. Le maire ou un conseiller pourrait se retrouver pour un temps minoritaire.

Cela demande à chacun d’avoir une grande capacité d’écoute.

Cela demande aussi à chacun des membres d’avoir confiance en ses opinions et d’avoir confiance dans les membres dans son équipe.

Cela demande une équipe solide.

Certains d’entre vous diront que cela n’est pas possible. Pourtant la Cour suprême du Canada avec son juge en chef fonctionne très bien avec le droit à la dissidence.  C’est souvent ce droit à la dissidence, qui fait évoluer le droit ou changer les lois. De plus, le parti Action Gatineau fonctionne de cette façon.

Le passé à Prévost nous démontre que les vieilles façons de faire ne fonctionnent pas. Qu’il faut changer pour le Renouveau Prévostois!